jeudi 29 novembre 2018
> Le poème du jeudi (#81)
les arbres par la fenêtre
au loin la voie ferrée
une journée de mars au ciel clair
et toi dans ton lit la respiration difficile
au retour je ramasse dans la rue
une fleur tombée à terre
pour mon herbier.
/
Cécile Glasman in Duos - 118 jeunes poètes de langue française né(e)s à partir de 1970. Anthologie dirigée par Lydia Padellec, Bacchanales N°59, Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alples.
jeudi 22 novembre 2018
> Le poème du jeudi (#80)
L’amour sans trêve
Ce triangle d’eau qui a soif
cette route sans écriture
Madame, et le signe de vos mâtures
sur cette mer où je me noie
Les messages de vos cheveux
le coup de fusil de vos lèvres
cet orage qui m’enlève
dans le sillage de vos yeux
Cette ombre enfin, sur le rivage
où la vie fait trêve, et le vent,
et l’horrible piétinement
de la foule sur mon passage
Quand je lève les yeux vers vous
on dirait que le monde tremble
et les feux de l’amour ressemblent
aux caresses de votre époux.
/
Antonin Artaud, in Le Pèse-nerfs. Gallimard, 1927.
jeudi 15 novembre 2018
> Le poème du jeudi (#79)
Deux êtres séparés par un faible intervalle, une feuille de papier millimétré
ou une fine pellicule d’eau, placés dans une situation qui leur interdit de
bouger ou de se toucher, alors que leurs visages se frôlent et déchargent en
intensité l’un sur l’autre, dans le vide, alors qu’ils ne peuvent penser à
autre chose qu’à l’un et à l’autre, et à la situation qui les projette,
suspendus, dans le vide, à quel point peut-on les aimer ?
/
Marie de Quatrebarbes, in 58 lettres à Ulrike von Kleist, L’Ours blanc, N°20, 2018.
jeudi 8 novembre 2018
> Le poème du jeudi (#78)
La Grenouillère
Au bord de l’île on voit
Les canots vides qui s’entre-cognent
Et maintenant
Ni le dimanche ni les jours de la semaine
Ni les peintres ni Maupassant ne se promènent
Bras nus sur leurs canots avec des femmes à grosse poitrine
Et bêtes comme chou
Petits bateaux vous me faites bien de la peine
Au bord de l’île
/
Guillaume Apollinaire, in Poèmes à Lou, Gallimard, 1969.
jeudi 1 novembre 2018
> Le poème du jeudi (#77)
Et dire qu’un instant
on l’a cru perdu,
l’appât qui plonge
dans le reflet de la lune !
on l’a cru perdu,
l’appât qui plonge
dans le reflet de la lune !
/
Bruno Grégoire, in Loin de Cluj, Obsidiane, 2004
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