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Hautes Terres (titre de la traduction française de Os Sertaõs d’Euclides Da Cunha) est un livre immense et inclassable. On le présente généralement comme un monument de la littérature brésilienne. Mais le lire, c’est se convaincre que la grandeur de cette œuvre, bien qu’enracinée par son propos à la terre et à l’histoire du Brésil, est d’une portée qui dépasse largement ces frontières nationales. Plus d’un écrivain est resté pantois devant ce livre hybride et colossal paru dans les toutes premières années du XXème siècle : Cendrars le magnifiait et avait un temps rêvé de le traduire ; Vargas Llosa, quatre-vingt ans plus tard, assumera son irrépressible envie de le réécrire pour composer, dans l’ombre d’Euclides Da Cunha et en son honneur, l’un de ses plus puissants romans : La guerre de la fin du monde.
On pourrait, pour aborder les rives de ces Hautes Terres, commencer par parler de l’auteur lui-même, revenir sur le destin romanesque et fulgurant de cet homme qui, après avoir embrassé une carrière militaire, jette ses armes aux pieds du ministre de la guerre pour devenir journaliste et meurt brutalement à 41 ans sous les balles de l’amant de sa femme. On pourrait s’attaquer au caractère atypique de cette œuvre, qui relève tour à tour du traité de géographie, de philosophie, d’ethnographie, de géostratégie et du récit de guerre, le tout porté par une prose somptueuse capable d’allier une scrupuleuse précision à un lyrisme épique et politique aux accents hugoliens. Mais le mieux est peut-être de revenir d’abord aux événements qui l’ont inspirée, nourrie et autour desquels elle s’est déployée. Un épisode historique qui, par bien des aspects, échappe encore à la compréhension et défie toutes les logiques de la guerre.
Ce que l’on a appelé « la guerre de Canudos » s’est déroulée en 1896 et 1897 dans le Nordeste du Brésil, aux fins fonds du Sertaõ, cet ensemble d’immenses régions désertiques qui se déploient à l’intérieur du pays et plus précisément ici, dans le Nord de l’état de Bahia. Le Sertaõ est composé de terres arides et inhospitalières vers lesquelles ont reflué les populations les plus déshéritées du Brésil : Noirs, Indiens, Blancs sans terre… Tout ce que le pays comptait de plus démuni et quelques hordes en rupture de banc ont peu à peu peuplé ces étendues de ronces et de pierre pour constituer une sorte de communauté unie avant tout par les liens fragiles de la pauvreté.
A la fin du XIXème siècle, le Brésil est une jeune nation républicaine : l’esclavage a été aboli en 1888 et la République, proclamée en 1889, veut tourner une page avec l’Empire, la Monarchie, les amours incestueux de l’Eglise et du pouvoir. Elle affiche une foi sans borne dans la modernité. La République est puissante, armée et n’hésite pas à écraser les sursauts d’irrédentisme de tout crin qui ne manquent pas de lui barrer la route. C’est en 1896 que le village de Canudos surgit du désert anonyme comme un caillou dans sa chaussure. La République ne sait pas encore que ce caillou lui vaudra l’une de ses pires gangrènes et qu’il faudra l’amputer jusqu’au dessus du genou…
Au centre de ce village composé de cahutes en torchis et qui, si l'on en croit ce qu'en dit Gilles Lapouge dans son Dictionnaire amoureux du Brésil donna le premier à la langue brésilienne le terme de « favela », il y a la figure prophétique d’un homme : Antônio Vicente Mendes Maciel, dit Conselheiro, le Conseiller. C’est sur lui que Vargas Llosa focalisera l’incipit de son roman :
«L’homme était grand et si maigre qu’il semblait toujours de profil».
Le Conseiller, après une existence parsemée d’aléas et de revers se posera près de Canudos pour devenir le modèle d’une vie tout entière vouée à la foi et à la lutte contre tout ce qui lui fait ombrage. Il consacrera le plus clair de son temps à ériger des églises et à construire des cimetières dans les hameaux du Sertaõ, agrégeant autour de lui une foule de plus en plus considérable d’adeptes et de disciples. En 1896, alors qu’il s’apprête à régler un différent avec un fournisseur de bois de Juazeiro, une centaine de soldats ont la mauvaise idée de s’interposer entre le grand escogriffe et son mauvais livreur au prétexte de protéger la population du village sur lequel le Conseiller et ses hommes s’apprêtent à marcher. Premiers escarmouches, premiers morts des deux côtés et première cuisante débandade des trop fiers militaires. L’incident a blessé l’orgueil de l’armée et alerté sa vigilance républicaine. De nouvelles expéditions, toujours mieux dotées en hommes et en moyens se lanceront dès lors à l’assaut de ces Sertanejos insoumis et désormais repliés dans l’ensemble de venelles labyrinthiques qui constituent Canudos. Des expéditions qui se solderont à chaque fois par des milliers de morts et la retraite cuisante, inadmissible et incompréhensible des expéditionnaires. La République tremble dans ses fondements, on ne conçoit pas qu’une horde de pauvres ères mystiques et affamés puisse ainsi tenir tête à des bataillons rangés de soldats redoutables, rutilants, armés jusqu’aux dents et conduits par les plus grands officiers du pays. Il ne faudra pourtant pas moins de quatre expéditions pour en venir à bout, bien péniblement. La dernière d’entre elle rassemblera les meilleurs bataillons de tous les états du Brésil, l’artillerie la plus puissante et la plus moderne du moment et sera dirigée par le bras droit du ministre de la guerre. Et pourtant, il s’en faudra de peu qu’elle ne se solde, comme les précédentes, par un enlisement, une déroute et une défaite des troupes républicaines. Canudos est finalement écrasé en octobre 1897 au terme d’un siège de plusieurs mois qui aura coûté la vie à des milliers de soldats et officiers et à l’issue d’une résistance hallucinante des derniers combattants du village. Les Sertanejos auront aussi payé là un lourd tribut : pas un seul mur de pisée de Canudos ne restera debout et pas un seul de ses habitants ne survivra. On estime que quinze mille personnes, hommes, femmes et enfants auront été sacrifiés dans cette guerre.
C’est cette longue et troublante histoire que nous raconte par le menu détail Euclides Da Cunha, lui qui fut correspondant de guerre de la quatrième expédition et assista aux ultimes combats de la guerre de Canudos. Si ce n’était que cela, Hautes Terres vaudrait déjà le détour, au titre du témoignage irremplaçable que le livre constitue. Car la guerre de Canudos fut bien ce que l’on peut appeler une guerre oubliée et le serait probablement restée sans la somme que lui a consacré l’écrivain et journaliste brésilien. Mais la grande œuvre de Da Cunha déborde de toutes parts le seul cadre du témoignage et son style, son ampleur et son ambition lui confèrent une portée littéraire unique.
C’est d’abord la structure du livre qui le singularise. Les lecteurs trop pressés devront directement passer à la page 231 pour entrer dans le théâtre sanglant de la guerre de Canudos. Mais ce serait dommage… On n’en vient en effet à La lutte qu’après deux autres longs chapitres qui ont la prétention de l’éclairer de manière structurelle et presque ontologique : La terre et L’homme. Vaste programme que lui inspire tout un courant scientiste et positiviste qui lui est cher. Dans leur préface, les traducteurs (Jorge Coli et Antoine Seel) rapprochent la démarche de Da Cunha de celle d’un Taine ou d’un Herder. L’écrivain a besoin de poser des cadres, de remonter le fil des déterminismes, «comme si un socle lui était nécessaire pour son édifice monstrueux …». Ainsi, il n’hésite pas à consacrer une cinquantaine de pages à la seule histoire géologique de son pays et restreint encore le champ de son analyse aux monotones espaces du Sertaõ… Et pourtant, il semblerait que l’on lise du Lucrèce tant il parvient à innerver ses descriptions de poésie, sans jamais renoncer à la précision du propos. Certes, il arrive que l’on saute des passages, mais le lecteur sera le plus souvent surpris par la grande et belle tenue de cette prose géologique. En voici, parmi bien d’autres, un extrait qui nous paraît suffisamment édifiant :
«La lutte pour la vie, qui se traduit dans les forêts par une attirance irrésistible vers la lumière alors que les arbustes se dénouent en lianes lâches et élastiques, fuyant l’étouffement des ombres et préférant, dans leur élévation, les rets des rayons du soleil à ceux des troncs séculaires – cette lutte, ici, tout au contraire, est plus obscure, plus originale, plus émouvante. Le soleil est l’ennemi qu’il est nécessaire d’éviter, de tromper ou de combattre. Et l’éviter signifie – nous pressentons déjà le phénomène avant même de le décrire – que la flore moribonde procède à son inhumation, enterre ses tiges dans le sol. Mais comme le sol est lui aussi âpre et dur, desséché par le drainage des pentes, rendu stérile par la succion des strates qui complètent le travail des insolations entre deux milieux défavorables – des surfaces embrasées et des terrains arides - , les plantes plus robustes portent sur elles, gravés dans leur aspect excessivement anormal, tous les stigmates de cette sourde bataille.»
Comment imaginer que l’on ait pu offrir de telles phrases à la végétation squelettique des déserts brésiliens, qui plus est sans jamais donner dans l’élucubration ni jamais trahir la portée de ce qui veut être montré ? Et comment ne pas entrevoir déjà dans la photographie de cette terre monstrueuse le gouffre dans lequel se précipiteront bientôt des légions de militaires ignorant tout des innombrables pièges retors du Sertaõ ?
Et puis vient L’homme, le Sertanejo, dont le journaliste brosse une généalogie qui se veut étoffée en s’appuyant sur de nombreuses sources anthropologiques. Mais le fil directeur de ces réflexions s’inscrit avant tout dans un cadre de pensée racialiste inspiré par les sombres théories de Ludwig Gomplowicz et d’historiens naturalistes grand amateurs de hiérarchisation des races. On s’introduit alors dans un corridor grinçant où il est question de germinations dégradées, d’amalgames dégénérescents et la cuisine que l’on goûte a soudain des relents auxquels on ne s’attendait pas. Euclides Da Cunha affiche son dégoût profond pour le métissage, un métissage dont le dernier et regrettable degré d’accomplissement s’incarne justement à ses yeux sous la figure de l’homme du Sertaõ. On se demande un instant s’il est urgent d’aller plus loin… Mais ce serait se priver de l’étonnement de voir une œuvre se corrompre elle-même et dynamiter à l’épreuve des faits la propre théorie qu’elle comptait illustrer. Car les combattants de Canudos ne cesseront de forcer l’admiration de l’observateur. Tout comme ils forceront à l’heure de leurs derniers et inutiles soubresauts de résistance, si l’on en croit Da Cunha, celle des militaires républicains eux-mêmes. Au point que ces ultimes suppôts de la bâtardise, présentés le plus souvent, dès que l’écrivain brésilien se penche sur la cause de leur combat, comme les survivants moribonds d’un messianisme attardé, finiront par symboliser le sang vif de la nation, sa part la plus minérale et irréductible… Il faut attendre la page 580 pour découvrir l’acmé de cette transfiguration. Pour relater le coup de grâce porté aux derniers résistants de Canudos, Euclides Da Cunha n’hésite plus à faire le grand saut :
«Qui plus est, on touchait au cœur d’une nationalité. On attaquait à fond la roche vive de notre race. La dynamite venait à propos… C’était une consécration.»
Rares sont les œuvres qui nous donnent à voir de l’intérieur de telles anamorphoses...
A la suite de ces deux premiers chapitres le focus se resserre progressivement sur Canudos puis sur celui qui en constituera de pilier et le symbole imputrescible, Antônio Vicente Mendes Maciel, et enfin sur les événements à proprement parler. Le récit des quatre expéditions est tout à la fois un rapport journalistico-militaire par sa précision et sa richesse de détails , une étude de cas digne de Clausewicz pour l’intelligence de ses analyses stratégiques (et en l’occurrence ici des erreurs de calcul de l’armée républicaine) et une œuvre homérique par son souffle et son ambition. La guerre de Canudos fut surtout une guerre incompréhensible et incomprise. Un camouflet à la logique des rapports de force et une entorse aux règles psychologiques de la guerre.
Plus l’armée s’irrite et déploie sa puissance de feu, plus elle s’enfonce dans la débâcle et multiplie ses déconvenues. Deux mondes s’opposent mais aussi deux visions de la ruse, de la force et du sens de la guerre. A Canudos, ce sont en fait deux guerres qui s’affrontent : une guerre facturée, déployée et régulière contre une guerre irrégulière, larvée, faite de sursauts éreintants et qui sait, tressée à la terre indomptable du Sertaõ, faire une force de la moindre faiblesse. Les déserts arides du Sertaõ bahianais furent sans conteste pour Canudos ce que les plaines glaciales de Russie furent pour Stalingrad. Pour vaincre, si l’on peut dans ce contexte encore parler de victoire, le commandement de l’armée républicaine hébété par tant de résistance se verra obligé de plonger ses soldats dans la lie et de procéder à une boucherie sans nom. C’est notamment ce renversement de situation qu’évoque Jean-Yves Jouannais dans son Usage des ruines lorsqu’il retrace le destin du général Oscar de Andrade Guimarães à la tête de la dernière expédition sur Canudos :
«Lui qui rêvait de batailles rangées, d’encerclements et d’offensives de grand style, il en vient à exterminer des civils défendus par une troupe de bandits sans plus de munitions, rongés par la dysenterie».
Mais en lisant Euclides Da Cunha, l’encyclopédiste des guerres aurait pu retenir de cet épisode de l’histoire du Brésil d’autres traits plus surprenants encore et qui auraient concerné plus directement son propos centré justement sur l’usage des ruines et l’usage qu’ont pu parfois en faire les victimes mêmes de la dévastation. Lorsque les Républicains, lors de la quatrième expédition, se croient enfin prêts à entrer dans Canudos, ils font précéder leur entrée de bombardements massifs au Canon 32 afin de semer un vent de déroute avant l’assaut final. Or, l’effet produit est le contraire. Les maisons, toutes de torchis, volent effectivement en éclat. Mais cette destruction transforme soudain la ville en un tourbillon de poussières et de débris imprenable. Canudos devient un labyrinthe indéchiffrable où les ruines, d’une même couleur et d’une même matière que la terre des venelles, rend tout indistinct, confus, labyrinthique et offre de nouveaux retranchements aux survivants qui échappent à la perspicacité, déjà mise à rude épreuve, des soldats.
Les longues pages qu’Euclides Da Cunha consacre à cette guerre sont à la fois passionnantes et épuisantes. Il écrit depuis le rang des Républicains et nous fait vivre leurs avancées et leurs reculs successifs de l’intérieur. Les regains d’espoir bientôt déçus, les généraux qui tombent un à un, le périple des soldats et des officiers qui s’enfoncent dans la caatinga guindés dans leurs uniformes neufs et qui quelques mois plus tard, pour ceux qui en reviennent, réapparaissent dans les premiers villages de garnison tels des fantômes affamés et loqueteux. Au fil des mois l’armée redouble d’efforts et de rage conquérante alors que la morgue déplacée du Conselheiro et de ses fidèles, que l’on espérait rabrouer en une canonnade et réduire discrètement au silence, enflamme le pays. On imagine des complots politiques de grande envergure fomentés avec les partis opposés à la République, des alliances internationales clandestines, des armements de Canudos depuis l’Argentine…
Et face à ces inconcevables et successives débandades de l’armée nationale devant les fanatiques de Canudos, les affabulations vont bon train dans l’esprit populaire, dérive d’autant plus naturelle que le Sertaõ a toujours été une terre d’histoires, de mystères et de légendes : des anges armés de sabre protègent les hommes de Maciel ; ceux-ci reviennent se battre en morts vivants après avoir été tués, grossissant ainsi toujours plus leurs rangs ; ils sont invincibles, se nourrissent du sang et de la force de leurs ennemis… Si ces rumeurs qu’évoque Da Cunha ont été bien réelles, gagnant parfois du terrain jusque dans les rangs de l’armée, Vargas Llosa en fera aussi à quelques endroits, le miel de son roman. Dans La guerre de la fin du monde, l’écrivain péruvien enchâsse les événements de Canudos dans une série d’histoires croisées et de destins individuels comme lui seul sait le faire. Ainsi, après le massacre final et la destruction de Canudos, le colonel Macedo recherche désespérément le fameux Joaõ Abade, personnage historique qui fut l’un des fidèles et redoutables chefs de troupe du Conselheiro mais auquel Vargas Llosa offre une profondeur de champ romanesque : Macedo l’a en effet poursuivi à l’époque où celui-ci, avant de rejoindre le Conseiller, n’était encore qu’un bandit du Sertaõ, mais un bandit que le colonel ne se résigne pas de n’avoir pas pu capturer. Vu que son cadavre n’a pas été retrouvé, il le cherche, veut savoir s’il est mort ou s’il en a réchappé. Dans la dernière page du roman, une petite vieille rescapée de Canudos (autre fiction sans doute puisqu’il n’y eut aucun prisonnier à l’issue de la prise de Canudos) s’accroche soudain à ses bottes…
« - Tu veux savoir ce qu’il est devenu, Joaõ Abade ? balbutie la bouche édentée.
- Je veux, acquiesce le colonel Macedo. L’as-tu vu mourir ?
La petite fait non en claquant sa langue, comme si elle suçait quelque chose.
- Alors il s’est échappé ?
La petite vieille fait non à nouveau, encerclée par les yeux des prisonnières.
- Des archanges l’on fait monter au ciel, dit-elle en claquant sa langue. Je les ai vus. »
La lecture de Hautes Terres constitue une expérience particulière tant pour ce qui est de l’objet historique qu’il nous donne à connaître qu’en ce qui concerne l’écriture d’Euclides Da Cunha et la posture de l’écrivain face aux événements qu’il relate. La guerre de Canudos brouille nos repères. On peut bien considérer qu’elle opposa la raison républicaine laïque et une certaine vision du progrès et de la démocratie à une forme d’obscurantisme arriéré. Ce n’est pas totalement faux. Mais on peut aussi en avoir une lecture sociale différente. Cette guerre opposa la classe des pauvres, des sans terre à un ordre nouveau qui défendait exclusivement les intérêts des nouvelles classes dirigeantes. Et de ce point de vue elle met en exergue les souffrances d’un peuple opprimé, exploité et jeté hors de l’histoire depuis toujours.
Peut-être sont-ce ces hésitations qui ont aussi traversé plus ou moins consciemment l’esprit de l’écrivain. Da Cunha est un républicain convaincu. Quand il dit «nous» on sait où il se place. Pourtant, il se laisse peu à peu submerger par la beauté aride des terres du Sertaõ et par la détermination et le courage indomptables dont font preuve les misérables combattants de Canudos. Au point qu’il finit par voir briller sous cet amas d’irrédentisme et de pauvreté, et en contradiction avec ses propos théoriques initiaux, «la roche vive de notre race».
Mais ce sont aussi les talents de styliste d’Euclides Da Cunha, le souffle qu’il déploie sans renoncer à l’exhaustivité, qui font la grandeur de cette œuvre. Et à ce titre, on ne peut terminer sans saluer l’immense travail de traduction (mais aussi d’annotation) de Jorge Coli et d’Antoine Seel.
Euclides Da Cunha, Hautes Terres. Métailié. 2012. Traduit du brésilien par Jorge Coli et Antoine Seel.
Images : 1) et 5) Sertaõ, photographies de Tiago Santana / 3) Le Conselheiro dans la presse brésilienne de l'époque (
source) / 4) Favela (
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