jeudi 20 décembre 2012

> Cinq livres et une apocalypse

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Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais pour moi, ça y est, tout est prêt. J’ai organisé mon bunker du mieux que j’ai pu. J’ai su transformer une obscure et humide cave de Seine-Saint-Denis en un cocon douillet. J’ai laissé le vin là où il était (ne pas oublier le tire-bouchon, ce serait dommage), j’ai descendu au sous-sol une provision raisonnable de livres, de corned-beef et de Vache-qui-rit. Je peux attendre avec sérénité. Les Zombies de Nibiru n’ont qu’à bien se tenir, les Mayas compter sur leurs doigts, les trous noirs ouvrir grand leurs clapoirs déglutisseurs de matière rayonnante. Toutatis peut me géocroiser tant qu’il voudra et les tumuli intergalactiques de tout crin entamer leur danse de Saint-Gui : je suis à l’abri.

Pour les livres, je vous passerai les détails. Il fallu faire des choix, tailler large, taper dans le dur. Je me contenterai de vous livrer ici (je ne voudrais pas abuser du peu de temps qu’il vous reste) une seule des fastidieuses contraintes qui ont dicté la constitution de ma mini-bibliothèque anti-atomique : conserver au moins cinq livres qui évoquent l’apocalypse – sous une forme ou une autre. J’ai pensé qu’il serait quand même regrettable de se priver d’une expérience unique : pouvoir relire un livre qui évoque la fin du monde, après, justement, que celle-ci a eu lieu…

Voici donc ma short list personnelle d’apocalypses littéraires bunkérisables…

1) La route de Cormac Mc Carthy : fin du monde ou pas fin du monde, médaille d’or de tout ce que j’ai pu lire ces cinq dernières années (malheureusement porté à l’écran dans un film qui ne vaut pas l’ombre de sa page de garde).

2) Le monde englouti de James G. Ballard. Peut-être le plus beau roman de sa série des Quatre apocalypses (avec Forêt de cristal). Le maître de la SF déploie sa vision d’un monde caniculaire et submergé où les individus eux-mêmes régressent incidemment vers une sorte d’humanité amniotique.

3) Le dernier monde de Céline Minard : fresque pour un homme seul. LE survivant décline sa solitude à toutes les sauces sur une planète rendu au règne des bêtes et des vestiges. Epique, profond, déjanté et d’une étourdissante inventivité verbale.

4) Docteur Bloodmoney de Philip K. Dick : l’un des plus beaux récits de l’auteur de Blade Runner et de Ubik. Une communauté de survivants composent avec les biais auxquels les a astreints l’impact des bombes qui a ravagé la Terre : on croise des chiens aux paroles caverneuses, des demi-vivants, des rats presque humains et un DJ sur orbite transformé en Dieu vivant

5) Malevil de Robert Merle, dont je ne sais plus grand-chose, mais que je conserve comme l’un des grands coups de cœur de mes jeunes années pré-apocalyptiques.


Et si demain, vers midi, vous passez par ma cave, n’oubliez pas les vôtres…


3 commentaires:

  1. je vous passerai "Moi qui n'ai pas connu les hommes", de Jacqueline Harpman, en échange de votre numéro 3 ;-)

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  2. Je ne connais pas, mais si c'est de la même trempe, je suis prneur !

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