jeudi 28 mars 2019

> Le poème du jeudi (#98)




Si j’avais su ce qu’il en coûte
d’un doigt de vin
d’un doigt de sang


Si j’avais su ce qu’une route
peut coûter
de pas aux mourants


Si j’avais su l’odeur des voûtes
quand vient le vent
le souple Nom


Si j’avais su ce qu’on se dégoûte
d’être innocent
après vingt ans


Si j’avais su qu’après la croûte
vient la blanche mie
des moissons


Si j’avais su
qu’aurais-je fait
pour être cru.

/

Jean Cayrol, in Chacun vient avec son silence (Anthologie). Points. 2009.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire