jeudi 23 février 2012

> D'autres pages entre les marches

.

Cet article est le centième de la Marche aux pages. L'envie de blog qui m’était venue en janvier 2010 aura donc résisté un peu à l’épreuve du temps. A croire que l’étrange goût de lire s’accommode volontiers de l’étrange plaisir d’en parler. Et du désir, surtout, d’essayer de transmettre ce que l’on a aimé, ce qui nous a fait rire, ému, décentré. Car la littérature émaille de brèches salubres la compacité du réel tel qu’il nous est mâché, pré-déchiffré et finalement imposé. Ces brèches, infimes ou immenses, sont souvent des fenêtres. J’avais moi-même profité de coins de soleils aperçus sur plusieurs autres blogs. J’ai voulu rendre la pareille. Ne pas seulement prendre mais essayer de donner un peu. La Marche aux pages m’a également donné l’occasion de faire quelques belles rencontres : d’écrivains, d’éditeurs, de lecteurs attentifs et curieux de dialogue. Et à travers eux, souvent, de plus de livres encore.

Alors pourquoi avoir parlé de certains de ces livres et auteurs plutôt que d’autres, dans le flux des lectures qui ont compté ? Un blog n’est pas toujours un palmarès. Il est fait d’arrêts sur images, d’envie de se poser ici plutôt qu’ailleurs, à ce moment-là plutôt qu’à un autre. Ce blog aurait pu également s'écrire autour d'autres pages. Je ne fais pas ici allusion aux livres qui m’ont exaspéré ou me sont tombés des mains. Ceux-là, je les finis rarement et j’en parle peu, même si l’exercice de la lacération, lorsqu’il est brillant et intelligent, peut être de plaisante lecture. Il n’est pas non plus question des ouvrages qui m’ont mis l’eau à la bouche et que je n’ai pas pris le temps de lire. Je pense au contraire à des textes qui, depuis janvier 2010, qu’ils aient été confidentiels, célébrés ou ignorés, m’ont aussi accompagné, marqué, ou simplement apporté ce léger et précieux bol d’air que seule la littérature insuffle. Des découvertes ou des relectures que j’ai pourtant gardées par devers moi, par les hasards de l’humeur, et parce que le temps n’est pas extensible. J’aurais pu parler de Lanzman, imbuvable de fatuité mais auteur de cet autre monument qu’est le making of de Shoah et qui occupe un tiers de son autobiographie (le Lièvre de Patagonie). J’aurais voulu parler du puissant récit qui compose la première partie de Grande Ourse de Romain Verger, un livre à lui tout seul, qui avait fait écho en moi à la clairvoyance de la réalisatrice Claire Denis dans Trouble every day ainsi qu’à la prose tellurique de Claude Louis-Combet. Ca aurait pu être Brautigan, Imre Kertész ou Platonov, tout comme d’autres, moins connus, mais qui avaient amplement valu le détour…

Je voudrais donc adresser ici un hommage en forme de clin d'oeil à cent livres et cent écrivains. Le chiffre est arbitraire mais le choix ne l'est pas... Cent autres fenêtres ouvertes, à l'attention de ceux qui ont parfois pu croiser dans mes goûts de lecteur de quoi satisfaire leur curiosité. Bon voyage et à bientôt sur la Marche aux pages.







L'auteur dresse ici un tombeau pour son père, un médecin engagé et intègre qui fut lâché par tous les milieux autorisés et assassiné à Bogotá en 1987.
Héctor Abad, L’oubli que nous serons. Gallimard 2010. Traduit de l’espagnol (Colombie) par Albert Bensoussan.

Exploration de ce pays où l'on cultive des statues
Jacques Abeille, Les Jardins statutaires. Editions Attila. 2010.

Autoportrait en demi-teinte romanesque de l'auteur de Louons maintenant les grands hommes.
James Agee, Une mort dans la famille. Christian Bourgois. 2011. Traduit de l’américain par Jean Queval.


L'histoire drôle et terrible d'un fils et de son père, produit bouseux et facho d'une Italie délétère.
Niccolò Ammaniti, Comme dieu le veut. Grasset. 2008. Traduit de l’italien par Myriem Bouzaher

Mandrin est mort, vive Mandrin.
Anonyme, Abrégé des la vie de Louis Mandrin. Allia. 2011.

Une flânerie sensible et profonde dans les franges de notre territoire, d'où émerge en négatif la sirupeuse connerie des promoteurs du concept d'identité nationale.
Jean-Christophe Bailly, Le dépaysement, Voyages en France. Seuil 2011

Le processus physiologique de la mort visité par un pataphysicien érudit et inspiré.
Jean-Louis Bailly, Vers la poussière. L’arbre vengeur. 2010

Les records de vitesse d'un paraplégique solitaire peuvent-elles être la cause de la disparition d'enfants ?
Gabriel Báñez, Les enfants disparaissent. La dernière goutte. 2011. Traduit de l'espagnol (Argentine) par Frédéric Gross-Quelen.

Les notes inédites, fragiles comme du verre,  tenues par Barthes après la mort de sa mère.
Roland Barthes, Journal de deuil. Editions du Seuil. 2009

Immense biographie d'un immense écrivain
David Bellos, Georges Perec, une vie dans les mots. Seuil. 1994

Ecrire avec peu de choses et râcler la joie à même le sol
Christian Bobin. Autoportrait au radiateur. Folio.2000

Trois frères débiles parcourent les Etats-Unis pour retrouver les trophées de bowling qu'on leur a volés sur le pas de leur porte et Bob pleure parce que tous les poètes grecs de l'antiquité sont morts depuis très longtemps.
Richard Brautigan. Willard et ses trophées de bowling. 10/18. 2003. Traduit de l’américain par Robert Pépin.

Autobiographie de l'un des plus grands écrivains sud-africains.
André Brink, Mes bifurcations. Actes Sud 2010. Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Bernard Turle.

Cent-cinquante «nouvelles bonzaï», cocasses, craquantes, surprenantes.
Günter Brus, Amor & Furor. Absalon. 2011. Traduit de l’allemand (Autriche) par Catherine Henry.

«ne déshabillez pas mon amour /vous risqueriez de trouver un mannequin ;/ ne déshabillez pas le mannequin / vous risqueriez de trouver / mon amour»
Charles Bukowski. L’amour est un chien de l’enfer. T.1 et 2. Grasset, Les cahiers rouge. 1977. Traduit de l’américain par Gérard Guégan

Un faux thriller dans un monde post-industriel d'adultes malades, d'enfants violents et d'enchantements vénéneux.
John Burnside, Scintillation. Editions Métailié. 2011. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Catherine Richard


Rien à faire, c'est toujours et encore un émerveillement qui  fait pleurer de rire.
Italo Calvino. Le chevalier inexistant. Seuil. 2001. Traduit de l’italien par Maurice Javion

Voyage dans un pays halluciné, inventé de toutes pièces au verso de la Roumanie communiste
Mircea Cărtărescu, Orbitor. Folio SF.1999. Traduit du roumain par Alain Paruit

Trente-et-un portraits d'idiots magnifiques, pleins de tendresse et d'ironie.
Ermanno Cavazzoni, Les Idiots. Traduit de l’italien par Monique Baccelli. Editions Attila. 2010

Un roman émouvant sur le mensonge, thème cher à l'auteur.
Sorj Chalandon, La légende de nos pères. Grasset. 2009

Un essai qui interroge les formes mythiques, religieuses, philosophiques, mais surtout tristement historiques, qu'a pu prendre la chasse à l'homme de l'Antiquité à nos jours.
Grégoire Chamayou, Les chasses à l’homme. La fabrique éditions. 2010

Marcher avec ses morts, entre fragments de mémoire, récit, poésie.
Claude Chambard. Carnet des morts. Le bleu du ciel.2011

Si la tradition littéraire a plus souvent retenu de Châteaubriand l'image du prophète épris d'histoire avec un grand H, on peut aussi lire les Mémoires d'outre-tombe comme la plus foisonnante somme d'anecdotes recueillies sur la période qu'elles couvrent.
François de Châteaubriand, Mémoires d'outre-tombe (4 tomes). Livre de poche. 2010.

Les personnages du Magicien d'oZ jetés comme des chiens dans l'histoire de chair et de sang du XXème siècle.
Claro, CosmoZ. Actes Sud. 2010

Un voyage du côté des arpenteurs littéraires de la ville.
Merlin Coverley. Psycho-géographie, poétique de l’exploration urbaine. Les moutons électriques. 2011. Traduit de l’anglais par André-François Ruaud





L'addition des façons bien réelles dont les philosophes, de Thalès à Derrida, sont passés de vie à trépas, esquisse-t-elle «une autre histoire de la philosophie» ?
Simon Critchley, Les philosophes meurent aussi. Christian Bourin Editeur. 2010

Aux quatre coins de l'Europe des Années folles, les aventures truculentes et picaresques de Lady Diana Wynham, femme étincelante et libérée.
Maurice Dekobra, La Madone des sleepings. Zulma. 2006

«Pendant que les voisins naïfs/Bavardent du "mort tou neuf" / Nous, enclins à la périphrase,/Pointons que les oiseaux se sont envolés»
Emily Dickinson, Lieu-dit l’éternité. Editions Points.2007. Ed.bilingue.Traduit de l’américain par Patrick Reumaux.

Quelques photos prises au cours d'une visite sur le site d'Auschwitz et le besoin de les réinterroger dans l'écriture.
Georges Didi-Huberman, Ecorces. Editions de Minuit. 2011

La gouaille d'un roman noir populaire transcendée par une langue inventive à souhait.
Jean Duperray, Harengs frits au sang. L’arbre vengeur. 2011

Vibrionnant, sur la page et en bouche.
Christophe Esnault, Isabelle à m’en disloquer. Editions les doigts dans la prose. 2011

Comment d'une larme amère (un père collabo) peut naître l'un des plus riches témoignages qui soit sur les milieux littéraires français durant l'Occupation.
Dominique Fernandez, Ramon. Grasset. 2009

Alice au pays du cancer.
Lydia Flem, La reine Alice. Editions du Seuil. 2011

Un récit-photo très élaboré pour un pastiche délicieux autour des miracles.
Joan Fontcuberta, Miracles et Cie. Actes Sud.2005. Traduit de l’espagnol par Jacqueline Gerday.

Un concentré des élucubrations ludiques et verbales de l'un des plus grands poètes du Siècle d'or espagnol
Fransisco de Quevedo, Proses festives. Les fondeurs de briques. 2011. Traduit de l’espagnol par Victor Martinez

Un roman sombre et glacé sur fond de lignite, de mensonge et de misère sociale.
Isabelle Garna, Dérive. Editions Luc Pire. 2010

De très belles lettres, antérieures à tous ces textes jusqu'alors publiés, écrites par un Genet de vingt-trois ans déjà visionnaire de sa vie et de son oeuvre.
Jean Genet, Lettres à Ibis. Gallimard (L’arbalète). 2010

Ecrire son enfance au couteau.
Hervé Guibert, Mes parents. Folio.1994.

Un récit d'apprentissage, dense et étonnament sobre, de l'auteur de Tombeau pour cinq cent mille soldats.
Pierre Guyotat, Formation.Folio. 2007

Le Nebraska revisité par un raconteur d'histoires hors pair
Ron Hansen, Nebraska. Buchet Chastel. 2011. Traduit de l’américain par Vincent Hugon.

«Le marchand d' oublies porte toujours un masque et  et fréquente des Tuileries noires d'un accès difficile. Le terme qui désigne sa marchandise laisse rêveur, avec son "e" manifestement ajouté pour embrouiller les choses»
André Hardellet, Chasseurs I et II. L’imaginaire Gallimard. 2000

Premier volet de la publication des oeuvres poétiques complètes d'un des plus grands poètes polonais du siècle dernier.
Zbigniew Herbert, Corde de lumière / Œuvres poétiques I. Le bruit du temps. 2011. Ed.bilingue. Traduit du polonais par Brigitte Gautier.

«Le pays est malade. Le sang du pays coule aux lèvres des étrangers. Et il en tombe des bouts de chair arrachés  au ventre des enfants».
Chenjerai Hove, Ossuaire. Actes Sud. 1999. Traduit de l’anglais (Zimbabwe) par Jean-Pierre Richard.

Toute la puissance d'écriture du «clochard céleste» de la littérature roumaine.
Panaït Istrati, Les chardons du Baragan. Grasset. 1928

Quête poétique de la mère absente à travers une écriture sobre et tendue. Quelque chose comme le versant poétique de Lambeaux.
Charles Juliet, Fouilles. P.O.L. 1998

L'inépuisable témoignage d'un combat au jour le jour avec la littérature.
Franz Kafka, Journal. Livre de poche.2010. Traduit de l’allemand par Marthe Robert.

La version non édulcorée du livre mythique de la beat generation.
Jack Kerouac, Sur la route (le rouleau original). Gallimard. 2010. Traduit de l’américain par Josée Kamoun.

Fragments d'une vie où l'anecdotique semble être passée à la trappe.
Imre Kertész, Journal de galère. Actes Sud. 2010. Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Husvai et Charles Zaremba

Une texte où se mêlent dialogue philosophique et relation de voyage et qui préfigure avec force le Lettres persanes de Montesquieu.
Lahontan, Dialogues avec un sauvage. Lux Editeur. 2010

Petite immersion romanesque, d'une drôlerie mordante, dans l'univers de la diplomatie française.
Jean-Claude Lalumière, Le front russe. Le Dilettante. 2010




Ses mémoires au long cours.
Jacques Lanzman, Le lièvre de Patagonie. Gallimard. 2009

L'immense culture de Lapouge sur le Brésil, auteur notamment d' Equinoxiales, une remarquable investigation solitaire dans le Nordeste brésilien.
Gilles Lapouge, Dictionnaire amoureux du Brésil. Plon. 2011.

Un cartographe surdoué de douze ans traverse les Etats-Unis en train pour se rendre au congrès scientifique où il a été convié, ce qui donne un livre-objet drôle et foisonnant où dessins, cartes et notes en tout genre du jeune narrateur se mêlent au récit.
Larsen Reif, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Nil Editions. 2010. Traduit de l’américain par Hannah Pascal.

L'Afrique d'ouest en est au jour le jour au début des années trente ou comment le simple scribe du grand Marcel Griaule va révolutionner l'ethnographie.
Michel Leiris, L’Afrique fantôme. Gallimard. 1988.

Auto-recensement de centaines d'idées d'oeuvres envisagées par cet artiste sensible et original qui s'est donné la mort en 2007. Jubilatoire.
Edouard Levé, Œuvres. P.O.L. 2002.

Un vieillard et son chien abandonnés à la terre brûlée et sans eau d'un village de Chine centrale que tout le monde a fui.
Yan Lianke, Les jours, les mois, les années. Editions Philippe Picquier. 2009. Traduit du chinois par Brigitte Guilbaud.

Peut-être le plus grand livre de Lobo Antunes depuis Le cul de Judas.
Antonio Lobo Antunes. Je ne t’ai pas vu hier dans Babylone. Christian Bourgois. 2009. Traduit du portugais par Michelle Giudicelli

Rome réinventée par l'écriture enchantée de Marco Lodoli.
Marco Lodoli, Les Prétendants. P.O.L. 2011. Traduit de l’italien par Louise Boudonnat.

Une écriture charnelle et inimitable interroge le passage du désir de la mère au désir d'écriture.
Claude Louis-Combet, Le livre du fils. Editions Corti. 2010

Un livre vertigineux qui propulsa Buenos Aires dans les hauteurs du Dublin de Joyce.
Leopoldo Marechal, Adán Buenosayres. Grasset/Unesco. 1995. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Patrice Toulat.

Essai sur la place de l'inscription, de la trace, de l'encoche en littérature.
Jean-Claude Mathieu, Ecrire, Inscrire. Images d’inscriptions, Mirages d’écriture. José Corti. 2010.

Epuiser Bombay...
Suketu Mehta, Bombay Maximum City. Buchet Chastel. 2006. Traduit de l’anglais par Oristelle Bonnis.

Le lire et le relire, dans l'oeil du cyclone...
Herman Melville, Moby Dick. Folio classique. 1996. Traduit de l’américain par Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono

Une série d'essais-fictions qui mêlent photos-montages, réflexions philosophiques poivrées et un sérieux goût du jeu.
Alessandro Mercuri, Peeping Tom. Editions Léo Scheer. 2011.


Un récit-témoignage d'une grande force  sur les conflits qui ont traversé la société éthiopienne moderne.
Nega Mezlekia, Dans le ventre d’un hyène. Actes Sud. 2001. Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

A travers quelques figures monumentales de la littérature, Michon interroge très librement ce qui sépare le corps intronisé de l'écrivian de son corps de chair. L'un des plus beaux textes de l'auteur des Vies minuscules.
Pierre Michon, Corps du roi. Verdier. 2002.

Itinéraire d'une adoption intérieure et musicale de la langue fraçaise par un écrivian japonais.
Akira Mizubayashi, Une langue venue d’ailleurs.Gallimard. 2011.

Indiscutablement drôle
Christine Murillo, Jean-Claude Leguay, Grégoire Oestermann, le Baleinié, le dictionnaire des tracas. Editions du Seuil. 2003.

Le récit sobre et touchant d'un retour du poète tchadien Nimrod sur les traces de son enfance
Nimrod, L’or des rivières. Actes Sud. 2010

Journal de deuil et de survie de la grande écrivain américaine suite à la mort de son compagnon de vie.
Joyce Carol Oates, J’ai réussi à rester en vie. Philippe Rey Editeur. 2011. Traduit de l’américain par Claude Seban.

On roule, chez Oster, avec presque rien et l'on est surpris que cela nous touche autant.
Christian Oster, Rouler. Editions de l’Olivier. 2011.

Jeux licencieux autour des mots et du reste par un poète oublié du XVIème siècle.
Marc Papillon de Lasphrise, Les énigmes licencieuses. Finitude. 2008 (collages de Claude Ballaré)

Le destin le plus personnel est nécessairement celui de tous. Un petit opuscule inclassable redécouvert par les éditions Allia.
Giovanni Papini, Vie de Personne. Allia. 2009. Traduit de l’italien par Hélène Frappat.

«Un de nos ancêtres a dû être bien seul /-un grand homme entouré d’imbéciles ou un malheureux fou-/ Pour enseigner aux siens un silence si grand»
Cesare Pavese, Travailler fatigue/ La Mort viendra et elle aura tes yeux. Poésie Gallimard. 1979. Traduit de l’italien par Dominique Fernandez.

A mon sens le livre le plus bouleversant de Georges Perec.
Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance. Gallimard. 1993




Une femme est confrontée à la présence soudaine de trois versions proches mais légèrement différentes de son mari.
Eric Pessan, Les Inaboutis.Théâtre ouvert/Tapuscrit.2012.

Quatre nouvelles étranges et mélancoliques pour dire un monde en déclin.
Georg Petz, L’anatomie du parasite. Absalon. 2011. Traduit de l'allemand (Autriche) par Carine Destrumelle, Catherine Henry et Marielle Laré.

L'oeuvre complète enfin réunie en français de l'une des voix les plus sensibles et singulières de la poésie américaine du XXème siècle
Sylvia Plath, Œuvres complètes. Quarto Gallimard.2011. Traductions révisées par Audrey van de Sandt.

Le roman prémonitoire de l'un des grands proscrits du bolchévisme.
Andreï Platonov, Tchevengour. Robert Laffont.1996. Traduit du russe par Louis Martinez.

Un saisissant recueil de nouvelles interconnectées, par un auteur de SF qui joue dans la cour de Ballard et K.Dick.
Christopher Priest, L’archipel du rêve. Denoël. 2004. Traduit de l’anglais par Michelle Charrier.

Un texte impitoyable, tardivement redécouvert, qui nous plonge dans la misère glacée de la Sibérie du XIXème siècle.
Theodor Rechetnikov, Ceux de Podnipaïa. Traduit du russe par Charles Neyroud. L’arbre vengeur. 2011.

Un voyage en apnée dans la sauvagerie quotidienne des îlots urbains.
Charles Robinson. Dans les cités. Seuil, Fictions et Cie.2011.

Prenant à bras le corps une matière que personne n'aurait jamais pensé à traiter, Rolin mène une enquête au long cours sur les chiens errants de par le monde. Un livre étonnamment humain.
Jean Rolin. Un chien mort après lui. P.O.L. 2009

Humoriste décapant, anarchiste radical, pédagogue alternatif...Un auteur suisse oublié qu'il faut se dépêcher de lire.
Henri Roorda. Le rire et les rieurs/Mon suicide. Mille-et-une-Nuits. 2011.

Un texte vibrant d'humanisme où George Sand relate sa rencontre à Paris avec des Peaux-Rouges brillant d'un dernier éclat dans leur déclin
George Sand. Relation d’un voyage chez les sauvages de Paris.Editions du Sonneur. 2010.

Petit recueil de nouvelles de Saramago, moins connu que ses grandes oeuvres, mais qui recèle pourtant plusieurs textes magnifiques (à lire absolument : le Centaure et la Revanche).
José Saramago, Quasi objets. Seuil, Points. 2000. Traduit du portugais par Claude Fages.

Comment, au coeur du ghetto de  Łódź, le Juif Rumkowski est devenu l'un des rouages de la machine d'extermination nazie.
Steve Sem-Sandberg, Les dépossédés. Robert Laffont. 2011. Traduit du suédois par Johanna Chatellard-Schapira.

Parcourant à pied le périphérique M25 qui encercle le grand Londres, Iain Sinclair signe un oeuvre magistrale, traduite pour la première fois en français.
Iain Sinclair, London Orbital. Editions inculte. 2010. Traduit de l’anglais par Maxime Berrée.

Une équipée donquichottesque s'enfonce au coeur des neiges russes. Du grand Sorokine.
Vladimir Sorokine, La Tourmente.Verdier.2011. Traduit du russe par Anne Goldefy-Faucard.

Le récit du voyage obsessionnel et exténuant qui mena enfin Tchekov jusqu'à ce panorama :  «Tout autour la mer, au milieu l'enfer.»
Anton Tchekov, l’île de Sakhaline. Folio. 2001. Traduit du russe par Lily Denis.

Profession de foi d'un abandon littéraire de la langue coloniale et d'un retour à la langue de la mère.
Ngugi wa Thiong’o, Décoloniser l’esprit. La Fabrique. 2011. Traduit de l’anglais (Kenya) par Sylvain Prudhomme.

«Tout bas froufroute une tenture de velours,/ Par la fenêtre la lune semble fixer le vide / Et puis me voici seul avec mon assassin.»
Georg Trakl, Poèmes (T.I et II). Flammarion 2001, Aubier 1993. Ed.bilingue. Traduit de l’allemand par Jacques Legrand.

A travers l'histoire d'un homme partagé entre deux vies radicalement différentes, vécues sur deux îles de la même ville, Nils Trede nous conduit sobrement aux limites du fantastique.
Nils Trede, La vie pétrifiée. Quidam Editeur. 2008.

L'unique et immense  roman de cette sud-africaine méconnue : une saga de près de 800 pages  qui zoome sur le quotidien disjoncté d'un trio familial misérable et incestueux d'Afrikaaner vivant dans un quartier pauvre de Johannesburg au temps de l'Apartheid.
Marlene Van Niekerk. Triomf. Editions de l’Aube. 2005. Traduit de l’afrikaans par Donald Moerdijk et Bernadette Lacroix.

Désir, dévoration et un récit où le fantastique explore ce qui touche au plus vrai, au plus trouble et au plus profond de nous-mêmes.
Romain Verger, Grande Ourse. Quidam Editeur. 2007.

Disparaître ou ne pas disparaître ? Là est la question.
Enrique Vila-Matas. Suicides exemplaires. Christian Bourgois Editeur. 1995. Traduit de l’espagnol par Eric Beaumatin.

La misanthropie comme ultime exercice de désespoir et de virtusosité.
Marc Villemain, le Pourceau, le Diable et la Putain. Quidam Editeur.2011.

Un conteur qui ensorcelle son auditoire se trouve confronté à une Inquisition déterminée. Un roman incontournable.
Jakob Wassermann, L’affabulateur. La dernière goutte. 2010. Traduit de l’allemand par Dina Regnier Sikiric et Nathalie Eberhardt.

«Le poème / s'il reflète la mer / reflète sa / danse seule / sur cet abîme profond / où / il paraît triompher»
William Carlos Williams, Asphodèle / Tableaux d’après Breugel. Editions Points. 2007. Ed.bilingue. Traduit de l’américain par Alain Pailler.

Gabrielle Wittkop au seuil de sa vie, restitue en un recueil de notes pressées, riches et vibrantes, l'Asie qu'elle a sillonnée durant des années.
Gabrielle Wittkop, Carnets d’Asie.Verticales. 2010




Images :  ©Nathan Meyer

1 commentaire:

  1. Arrivée ici les mains vides je repars croulant sous le poids des livres qui me font envie pour ne pas dire plus
    j'ai croisé ici et là des titres qui m'ont enchanté également d'autre que j'ai rayé d'un coup de crayon virtuel : ah non !!
    mais c'est une plaisir d'investiguer la liste
    je crois que je vais en faire un copier coller pour l'examiner tout à mon aise et la glisser dans mon sac de bibliothèque

    RépondreSupprimer