jeudi 30 août 2018

> Le poème du jeudi (#68)




Résurrection


le soleil a passé
la main repose
on vient avec des mots légers
on est l’enfant silencieux
on ne connaît pas les pierres et les fleurs
la vie s’en va sans réponse
un dieu fragile s’établit dans les airs
heureuses choses évanouies

 /


Éric Sautou, in Le nom des fleuves. Le Dé bleu, 1999.

jeudi 23 août 2018

> Le poème du jeudi (#67)



Il grimpe à l’arbre
Mon amant vif

À la force des bras
Le bois mort éclate

Au soleil
Cueillir tout haut

Les voilà rouges
- J’aime aussi le ciel –

Ses yeux levés ses bras saisissant
Aucune échelle
Mais bien les branches entre ses cuisses

Je m’allonge donc
Comme éternellement

Tant mieux si les cerises tombent !

/

Ariane Dreyfus, in Iris, c’est votre bleu, Le Castor Astral, 2008.





jeudi 16 août 2018

> Le poème du jeudi (#66)


C'est une petite éternité qui coule, sous la peau. Ce soir-là par exemple, tout tremblant de Monteverdi, où on donnerait ses yeux et ses mains pour écrire comme on aime.

/

Hélène Sanguinetti, in De la main gauche, exploratrice. Flammarion, 1999.

jeudi 9 août 2018

> Le poème du jeudi (#65)




Jours perdus


Le silence tombe sur les arbres la pâle forêt
se penche jusqu’à la terre quelque part ton visage est blanc
fatigué tu penses à moi qui
n’aimais que la façon dont tes yeux se refermaient et en eux
le chagrin qui m’accompagne depuis que je suis née
les mouvements
les cascades aux couleurs de cendre
les aubes portant à travers les champs sales
leur tristesse

Une sorte d’oiseau malmené volait là-haut son aile d’hiver
tailladait des blessures gémissantes dans le ciel
et de nouveau je me tenais là devant la maison où
tu m’avais embrassée jadis

La pâle forêt se penche sur ses branches lasses
un vent sans but s’y balance les jours perdus
défilent vers moi débraillés décolorés
comme les nuages

/

Agota Kristof, in Clous. Editions Zoé, 2016. Traduit du hongrois par Maria Maïlat.

jeudi 2 août 2018

> Le poème du jeudi (#64)



Mais où
sommes-nous tombés


pour que notre soif des lointains


touche déjà les plus
proches ?


/


Klaus Merz, in Tout près du vent. Éditions d’En Bas, 2018. Traduit de l’allemand par Marion Graf.