jeudi 31 octobre 2019

> Le poème du jeudi (#129)




au bas des vaisseaux    s’abattent les arbres s’échelonnent
les billots les douilles    des empilements de savoirs pêle-
mêle    atlas pilonnés    nous comprimerons les clés USB au
moyen des rouleaux des presses    dispersés vieux rondins
dans la gadoue     ou dans l’attente au débouché d’un delta

/

Julien Maret, in Nulle part le déclencheur. L’Ours blanc. N°21. 2019.

jeudi 24 octobre 2019

> Le poème du jeudi (#128)




L’aile grise d’un pigeon
mort sur le pavé du roi
frémit dans le petit jour


telle une rose des vents
la roue d’un vieux char est là
échouée depuis la veille


ou depuis le Siècle d’or
contre un mur étincelant


à l’avant-plan des débris
de faïence bleue scintillent
comme des regards vivants

/

Jean-Claude Pirotte, in Passage des ombres. Éditions La Table Ronde. 2009.

jeudi 17 octobre 2019

> Le poème du jeudi (#127)




Les choses sont simples quand on sait qu’on va mourir : de la lie dans
           la bouche. Détroits de mensonges.
Affaiblissements. Arcs qui s’enfoncent.
On n’a pas la patience du bois, de l’horizon, de notre visage. Chaque
           chose apprise fut une bosse.
Choisir les tensions les plus belles, celles dans l’arme. La nuit mâche
           du verre pour nous : orgueils, cahiers de troubles.
Personne d’autre que moi ne vient ici aussi peu souvent.

/

Martin Bélanger, in Estuaire, N°176, 2019.

jeudi 10 octobre 2019

> Le poème du jeudi (#126)



Anthropométrie


Au bord de la rambarde, du bleu. Mon cœur s’écaillait comme un poisson. Je respirais des embruns et des idées bleues. Mes dents broyaient le rocher. Etre face au vide ou face au plein ? Me vautrer dans le bleu. Mes cheveux dans le bleu. Mon corps, mes seins, mes poils dans le bleu. Puis je retourne bredouille imprimer le monde de plein de vide bleu.

/

Katia-Sofia Hakim, in Revue Pan N°5, Par le soupirail, 2019.

jeudi 3 octobre 2019

> Le poème du jeudi (#125)




Il se souvient des mots
des mots dans les papiers fanés
qui font de petits signes
de néant
jusque dans les corps
jusque sur les lèvres. Ce sont
les mots avec quoi il doit grandir
ce ne sont pas les voix autour de lui
qui peuvent faire
mais les mots qu’il prend
avec la bouche
où ils font un trou

/

Mathieu Bénézet, in Ne te confie qu’à moi. Flammarion, 2009.