jeudi 22 février 2018

> Le poème du jeudi (#41)



on dort avec elle au fond de soi
comme un chien roulé en boule

on sait que montera un jour ou l'autre
un vent de terre
et on attend les yeux ouverts

un corps infusé d'encre
une éponge gorgée
et dans la bouche la terre
au lieu des mots
les mots pesant enfin leur poids exact

terre et corps
dehors et dedans
et plus rien d'autre
que de l'herbe ou des arbres

/

Antoine Emaz, in Caisse claire (Poèmes 1990-1997), Éditions Points, 2007.



jeudi 15 février 2018

> Le poème du jeudi (#40)



Nous avons chacun
notre propre radeau
au fond du corps
dessalé
quand il n'est plus question
de vent,
                  de rivage, ni d'ancre

 /

Éléonore de Monchy, in À tire-d'os, Revue NUNC / Éditions de Corlevour, 2018.



jeudi 8 février 2018

> Le poème du jeudi (#39)




Mi querida niña
me llamabas
sin que yo supiera
si ese niña
era para mantener
la distancia
del tiempo entre nosotros


           *


Ma chère enfant
tu m'appelais
sans jamais me dire
si cet enfant
servait à maintenir la distance
du temps qui nous sépare


/


Samantha Barendson, in Los delitos des cuerpo / Les délits du corps. Christophe Chomant éditeur. 2011.





jeudi 1 février 2018

> Le poème du jeudi (#38)




L’ÉGARÉ

Ce qui fut entre nous n’était pas distance
L’arbre de l’amour est poussière,
Et la nuit, vaisseau portant mes pas et le désert.


Ce qui fut entre nous n’était pas distance
L’heure était nue
Ma mort, vêtement.


L’héritier des sables
Porte la Pierre noire comme son pain
Il porte le soleil : une ombre, une eau.

 /


Adonis, in Les Poètes de la Méditerranée, Anthologie. Gallimard/Cuturesfrance, 2010. Traduit de l’arabe (Syrie) par Chawki Abdelamir et Serge Sautreau.