jeudi 26 avril 2018

> Le poème du jeudi (#50)




Oh homme
tu ne peux savoir combien
nous aimons saigner l’horizon
d’une bave de granit
Nous sommes courtisans
et l’horizon est la matrice béante
de l’abîme
que nous avons décapé
chaque jour
par le museau enveloppé
d’un fourreau de poussière
chevelure pâle de notre Suédoise
la route blême

/

Hawad, in Furigraphie (Poésies 1985-2015), Poésie Gallimard, 2017. Traduit du touareg (tamajaght) par Hélène Claudot-Hawad.

jeudi 19 avril 2018

> Le poème du jeudi (#49)



Penmarch
Visibilité 6 000
Mer belle.
Vents d'est nord ouest 8 nœuds.
Pression atmosphérique 1 033 millibars.

Quel plus beau poème?

/

Georges Perros, in Papiers collés 3, Gallimard, 1978.

jeudi 12 avril 2018

> Le poème du jeudi (#48)



silex taillant le vide
la peau
où tu es
peut-être un peu moins
seul
à présent que la lumière
vacille
avec toi


Maud Thiria, in Mesure au vide (encres de Jérôme Vinçon), Æncrages & Co, 2018.

jeudi 5 avril 2018

> Le poème du jeudi (#47)


L'aile de la mélancolie

Je suis trahi, je n'ai ni famille ni bien aimée
je vagabonde tel le brouillard qui part en fumée
telle une ville qui brûle dans la nuit
et la nostalgie mord mes épaules maigres
tel le joli vent et la poussière aveugle
la route est longue
et la forêt s'éloigne comme une lance,
tends-moi les bras ô ma mère,
qui es loin, vieille à la chemise grise
laisse-moi toucher ta ceinture ornée de coquillages
et sangloter entre tes vieux seins
pour toucher mon enfance et ma mélancolie.
Les larmes tombent
mon cœur étouffe comme des cloches de sang.
L'enfance me poursuit tel un fantôme
comme une traînée aux tresses défaites.


Muhammad Al-Maghut, in Poésie syrienne contemporaine, Le Castor astral, 2018. Traduit de l'arabe (Syrie) par Saleh Diab.