mardi 14 octobre 2014

> L'eau dans la bouche




















N’oublie pas de respirer, tel est le titre du dernier livre d’Hélène Frappat. La consigne pourrait tout aussi bien s’adresser au lecteur. Car avec la matière de ce qui semblait réservé à un récit d’enfance, de souvenirs, elle compose autre chose : un texte acéré et hanté par la noirceur du secret. Un récit qui nous plonge également par petites touches violentes dans le ventre de sa terre maternelle, la Corse, une «île de misère», de sortilèges et de rivières menaçantes – située à des années-lumière de tous les poncifs qui lui sont généralement rattachés.  




«Mon enfance est coupée en deux. La première est tombée dans le puits noir de l’oubli. De l’autre, quelques souvenirs flous s’échappent. La première est en noir et blanc ; l’autre en couleurs.
L’odeur de l’enfance oubliée et celle dont je me souviens sont irréconciliables.»

C’est entre ces deux odeurs qu’Hélène Frappat va déambuler, dans un récit où la quête initiale semble peu à peu se déliter en une mosaïque de souvenirs parfois troubles, parfois précis, toujours nimbés d’une sourde violence. Les images et les événements qui remontent à la surface sont sous sa plume dotés d’une force mystérieuse qui nous entraîne vers un lieu incertain de la mémoire – le lieu d’une douleur enfouie, d’une lointaine malédiction.

Il y a, derrière tout cela, une honte ravalée, que ravive parfois le hasard d’une ambiance ou un geste accidentel. Une honte dont nous ne saurons pas grand-chose, au fond. Est-ce la honte d’une certaine condition – comme nous le laisserait penser, dans les premières pages du récit, ce souvenir des parents s’offrant mutuellement, pour tout cadeau de Noël, une cartouche de cigarettes ? Ou quelque chose d’autre, de plus profond… ?

La figure maternelle, toujours évanescente derrière la fumée de ses gitanes, semble s’enraciner bien au-delà du cercle de la mémoire familiale, dans un temps mythique, un temps où les sorcières avaient droit de vie et de mort sur chacun. Une mère taiseuse, qui aura avant tout légué à sa fille la terrible loi du silence : 

«Acqua in bocca, dit un proverbe du pays de ma mère. Eau dans la bouche : les bavards seront noyés.»

On a un peu l’impression que c’est avec cette menace que la narratrice compose son histoire, la masque et la fuit tout autant qu’elle nous la révèle.

A la frontière de ces deux enfances, il y a la mort du père : un suicide où se rejoignent le temps d’avant et le temps d’après. Cet événement est évoqué à quelques reprises seulement mais pèse de tout son poids sur le récit puisque c’est aussi en lui que prend racine le silence. Hélène Frappat ne conduit aucune investigation sur la raison de ce geste, qui déchire simplement la paysage du passé sans qu’elle ne cherche à l’interpréter. Peut-être la narratrice n’en a-t-elle jamais rien su et  n’écrit-elle finalement que pour perpétuer le silence. Peut-être n’écrit-elle à la périphérie de cet événement que pour mieux reprendre à son compte l’injonction maternelle : «acqua in bocca»…

Elle enserre cette ligne de démarcation dans une série de courts chapitres où les temps se bousculent, entre couleur et noir et blanc, temps des retours estivaux sur l’île et temps de l’enfance sombre et rémanente, histoires d’exils parisiens et de retours sur l’île. Histoires d’évasions et de claustrations. Et elle laisse affleurer à la surface de son récit les forces obscures d’une terre à la fois méconnue et familière, une terre où la menace n’est jamais tout à fait dénuée de grâce et où la beauté a des relents de putrescence. Une ambivalence que l’on ressent jusque dans les descriptions les plus anecdotiques :

«Le torrent même avait son odeur, fétide près du lac noir ou de la plage de Fondilugu (tellement isolée du pont qu’à chaque été, les baigneurs la débarrassaient des troncs d’arbres et des fougères), pétillante dans les cascades d’eau transparente que transperce le soleil. Au lavoir, une senteur écœurante de mousse assaillait les enfants. Avec leurs pieds, ils frottaient les bassins escarpés en granit jusqu’à ce que la mousse, et son odeur verte, disparaisse.»

Loin des images d’Epinal, l’île invente des partages intransgressibles, regorge d’aïeules recluses depuis toujours, d’idiots de village, de guérisseurs troubles et de vieilles qui tuent les enfants d’un regard. Et dès que l’on pousse une porte, sa vraie couleur est le noir… 

«Le noir est l’odeur domestique des pièces où, par les après-midi caniculaires, n’entre jamais la lumière, l’odeur de renfermé des armoires et des buffets, l’air poussiéreux des greniers.»

Parfois, au contraire, c’est la musique incandescente d’une langue lointaine, «une rythmique primitive, ardente et joyeuse», dans laquelle sa mère lui contait parfois des histoires de bergers, qui lui revient aux oreilles.

«Le corse n’est pas seulement cette langue dérivée de l’italien. Il en existe une forme plus archaïque, traduisible non en mots mais en gestes, une pantomime où les haussements de sourcils, le plissement des yeux, le pincement des lèvres accompagnent une rythmique d’onomatopées modulant peu de consonnes, et un chant ironique de voyelles.»

Mais au chapitre de la langue, des mots et des noms, la narratrice excave une autre filiation – une ascendance cachée qui la renvoie à la source la plus ténébreuse d’elle-même et lui dévoile l’autre visage de son île. Elle découvre en effet, dans le neuvième et dernier cercle de l’Enfer de Dante, un nom que portaient ses ancêtres : Lanfranchi, celui d’un traître de la pire espèce condamné aux douleurs perpétuelles… Ainsi que le terme toscan de «babbo» pour désigner le père, un mot passé justement dans le corse de la région de sa mère.

«Aujourd’hui, relisant les derniers chants de l’Enfer de Dante, j’y découvre que la langue parlée par mes mythologiques ancêtres n’est pas la plus haute expression du langage humain(…), mais, dans cette forêt dantesque 'sauvage et âpre et forte', qui ressemble au maquis de mon enfance, un dialecte primitif, la langue de peur et de honte par laquelle nous parvient la plainte des damnés et des revenants».

Peut-être est-ce l’écho lointain de ce chant que la prose poétique et tendue d’Hélène Frappat parvient ici à nous faire entendre. 

Ecrire avec ses fantômes ou écrire pour conjurer ses fantômes… On retrouve ici le dilemme que, par de toutes autres voies, interroge aussi Olivia Rosenthal dans son dernier livre.

C’est pourtant sur un effort de résistance à l’appel des morts que se clôt le magnifique récit d’Hélène Frappat. Ne pas oublier de respirer, c’est suivre les recommandations de ce vieux proverbe corse - et trouver la force de dire aux fantômes qui la nuit nous invitent à les rejoindre : 

«non, non, je ne viens pas, je suis occupé»











Hélène Frappat, N’oublie pas de respirer. Actes Sud (Essences).2014.


mercredi 8 octobre 2014

> Mon amour est mort

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Il existe des livres qui ne sont jamais loin. Qui vous collent au ventre et qu’aucune relecture ne parvient à neutraliser. Parmi eux, en ce qui me concerne, il y a ce célèbre recueil de poèmes de Bukowski, au titre nostalgique et légèrement boursouflé : Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. Il paraît aux Etats-Unis en 1969 (l’année même où sortent Mémoires d’un vieux dégueulasse, qui vont consacrer l’auteur comme la crème sulfureuse d’une Beat Generation dans laquelle il ne se reconnaîtra pourtant jamais), et il faudra attendre près de quarante ans pour que paraisse sa traduction française. A l’aube des Seventies, la guerre du Vietnam est moche, et la société américaine reluit de tout ce qui déchire l’écrivain depuis toujours. Il porte autour de lui des yeux comme des coups de poing et survit dans sa déjà vieille peau d’addict  au sexe, à l’alcool et au jeu,  à laquelle  le réduira trop souvent une certaine postérité médiatique.


Voilà un livre à bien des égards inscrit dans son temps, certes, et emblématique des démons avec lesquels Bukowski ne cessera plus de convoler. Mais un livre dont chaque page, chaque poème, distille une vérité intrinsèque. Une poésie qui allie sans artifice le plus rugueux au plus fragile et déploie à chaque instant une mélancolie violente.




Il se souvient des chevaux cléments de son enfance qui auraient pu le broyer mais préféraient lui prodiguer «leurs grands coups de langue rouge / et baveuse venus de l’âme» ; il contemple son poisson rouge en train de crever sur le tapis du salon ; il regarde ce qui se mijote à l’intérieur d’une conserve de pêches ; il s’éprend d’une «dame en jaune» dessinée sur une boîte d’allumettes ; il observe ces «maris et femmes de quelqu’un» qui se tuent au boulot, ne baisent plus et «retournent chez eux / en attendant Noël ou la fête du travail ou / dimanche ou / quelque chose.». 

Lorsqu’il surprend un chat avec « des moustaches comme celles d’une vieille dame au supermarché et nue comme la lune », il se déclare « temporairement ravi.». Lorsque son « banjo crie » il se console et se dit qu’ «enfin, la mort n’est pas une migraine ». Se moque d’Ivan le Terrible, dont le buste ressemble à un « chauffeur de bus du XXème siècle ». Se moque de la révolution Underground. Se moque de ce qu’il est devenu :

« je porte le pantalon de mon père et il est mort / il y a 10 ans / je dois me faire arracher 8 dents / mes intestins sont partiellement obstrués / je tire sur un cigare à 10 cents. »

Il invente des hommages rares, douloureux. Il nous parle des «os de son oncle» qui «roulèrent à moto dans Arcadia», qui avaient plein de mauvaises habitudes et finirent où ils devaient finir :

«les os de mon oncle / fumaient et juraient / et ils furent enterrés / où l’on enterre les os /qui n’ont pas / d’argent.»

C’est parfois sec, brisé. Parfois les vers reprennent leur envol, s’enroulent dans un vent poisseux qui les élève soudain bien plus haut que terre. Quelque chose s’efforce de chanter encore sur les cendres d’une Amérique qui ne s’est pas vu brûler. Sur les cendres des moins-que-rien. Sur les cendres de la mémoire. Et rien, jamais, n’est à jeter, dans cette poésie qui ronge son frein, chante ses propres limites à travers les fantômes de la guerre, les assauts du désir, les méandres de la vieillesse, de la frustration ou de la mort.

Ici on ne triche pas. La littérature elle-même en prend pour son grade, comme le reste, lorsqu’une passante et sa «danse de l’idiote» appelle cette supplique :

«n’abandonne jamais ce déhanchement maladroit et inepte / pour arroser la pelouse le samedi - / ne nous renvoie pas à Balzac ou à l’introspection / ou à Paris / ou au vin, ne nous renvoie pas / à l’incubation de nos doutes ou au souvenir / du frétillement de la mort, salope, affole-nous d’amour / et de faim, garde les requins, les requins sanglants / loin du cœur.»

 Mais les plus beaux poèmes sont peut-être ceux que Bukowski consacre à Jane, la compagne disparue. Le deuil, on le sait, est un grand pourvoyeur d’encre et s’abouche souvent à la poésie comme à un dernier souffle. Les exemples ne manquent pas. Mais il y a dans les mots de Bukowski quelque chose de radical, un lyrisme à l’emporte-pièce qui ne laisse rien derrière lui. Voici par exemple, histoire d’en finir, cet «avis de congé», où l’homme meurtri par l’absence transforme sa colère en poème, chante encore un peu avec ce qui ne peut plus chanter.

« les cygnes noyés dans l’eau de cale,
décroche les panneaux,
essaie les poisons,
protège la vache
du taureau,
la pivoine du soleil,
prends les baisers lavande de ma nuit,
mets les symphonies à la rue
comme des mendiants,
prépare les clous,
fouette le dos des saints,
assomme les grenouilles et les souris pour le chat,
brûle les peintures fascinantes,
pisse sur l’aube,
mon amour
est mort. »

Il y a quelque chose de saisissant dans la poésie de Bukowski et plus particulièrement dans ce recueil. Un noir enchantement doublé d’une liberté folle. Une façon de prendre le monde à ras du sol pour le soulever dans un linceul de mots. Et lui faire rendre gorge.












Charles Bukowski, Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. Editions du Rocher. 2008. Traduit de l’américain par Thierry Beauchamp.


 

jeudi 2 octobre 2014

> Un étrange fruit

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La couleur du lait, premier texte traduit en français de l’auteure anglaise Nell Leyshon, est un court roman, sombre et nerveux. Sa narratrice, une paysanne de quinze ans placée par son père au service de la femme d’un pasteur du voisinage, ignore presque tout du mensonge. On est en 1831, dans le comté pauvre du Dorset et la jeune fille confie à une écriture acquise dans des circonstances et à un prix que l’on découvrira, l’histoire tragique de sa courte vie. Une écriture à la fois puissante, directe et maladroite ; une parole de peu, aux antipodes des grandes fresques du roman social, qui révèle pourtant avec force et simplicité les affres d’une condition que rien n’épargne. Dans ce récit de vie fictif, quelque chose témoigne. Nell Leyshon nous enchaîne avec conviction à son personnage, à la fois ordinaire et exceptionnel et nous glisse dans les mots fraîchement appris qui constituent son seul et dernier bien.





«ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main.»

Voici l’expression d’une fierté qui revient comme un leitmotiv, en préambule de chacune des quatre parties de ce récit singulier.

C’est qu’écrire, «en l’an de grâce 1831», pour une fille de fermier qui n’a guère connu que l’odeur des bêtes et les journées de travail harassant enfilées comme des perles, voilà qui est plutôt rare. A dire vrai, ça n’existe pas. A tel point que c’est d’abord par cette plume prêtée à son personnage que Nell Leyshon fait acte de fiction. Mais qu’importe, puisque cette fiction nous ouvre d’emblée une fenêtre sur une réalité rendue étonnamment sensible par la voix de cette improbable narratrice.

Mary est la quatrième fille d’un couple de fermiers perdus dans l’Angleterre rurale du XIXème siècle, un coin de terre dépeint sous des traits peu amènes. Qui plus est, elle cumule les mauvaises cartes : fille, pauvre, soumise par son jeune âge à une autorité parentale qui l’asservit sans ménagement. Et différente : elle est affublée depuis sa naissance d’une jambe folle (avec laquelle elle a pourtant appris à faire bon chemin) et «toute malingre avec les cheveux couleur du lait». Faut-il voir dans cette dernière particularité le signe d’une sagesse précoce ?

Si elle avance pourtant dans cette vie toute tracée avec une force et une énergie sans pareille, toute la finesse de Nell Leyshon consiste justement à ne pas transformer son personnage en une héroïne hors du commun. La fillette n’entrevoit pas le ressort qui pourrait l’arracher à sa condition et elle semble avoir fait siens les déterminismes sociaux qui la traversent. 

A la femme du pasteur qui s’interroge sur ce que l’avenir lui réserve, elle répondra simplement :

«je continuerai à dormir et à me réveiller et le pain continuera de se faire. je m’occuperai de mon ménage et de mon ouvrage. voilà tout ce qui m’arrivera.»

Pour autant elle ne mâche pas ses mots, tient tête aux menteurs et ne sait pas cacher ce qu’elle pense. Elle semble ainsi à la fois frondeuse et fataliste, refusant de baisser la garde lorsqu’il s’agit de défendre un point de vue, alors même que son existence est vouée à une servitude sociale dont elle n’imagine pas de pouvoir s’extraire.

Sa parole est brute, franche et intarissable : 

«ma langue va comme celle du chat qui lape le lait dans le seau.»

D’où sa fascination, dès que l’occasion lui sera donnée d’approcher un livre, pour ce qu’écrire doit rendre possible…

A travers son récit, Mary se fait incidemment le miroir d’un milieu et d’une époque peuplés de pères violents, de servantes que l’on congédie d’un claquement de doigt, de filles de ferme que les garçons de bonne famille engrossent dans la paille avant de leur tourner le dos.

C’est pourtant son histoire singulière qui nous porte d’un bout à l’autre de ce roman. Une histoire implacable qui s’étend sur quatre saisons. Elle est placée (vendue serait le mot juste) par son père au service de l’épouse fragile et souffrante d’un pasteur du comté. Elle découvre alors un univers où tout lui est d’abord étranger. La femme du pasteur se prend d’affection pour elle, pour ses franches manières où se mêlent douceur et attention. Après le décès de sa femme, le pasteur décide de la garder auprès d’elle et lui apprend patiemment à lire dans la bible. Mary découvre alors qu’elle peut donner corps à ses propres mots. Mais la bienveillance désintéressée n’a qu’un temps et la vie de la jeune fille va rapidement prendre un virage tragique…

Pourtant, il n’y a pas de manichéisme dans la manière de Nell Leyshon. L’iniquité semble bien plus gravée dans la chair de l’époque que dans le cœur des « méchants » (seule exception peut-être : le fils du pasteur) et elle avance tout en nuances et revirements.

L’autre intérêt du livre réside dans cette langue sur mesure qu’elle compose pour son personnage. Le risque, pourtant, était de taille. D’autres auraient sans doute succombé à la tentation d’un roman sociolectal, ou auraient abusé des innombrables faiblesses de langue que l’on serait en droit d’attendre d’une si fragile « écrivante ». Il n’en est rien ici. Nell Leyshon a su trouver la musique qu’il lui fallait - et qu’il nous fallait. Les maladresses de langue se concentrent sur quelques emplois d’auxiliaires et l’absence systématique de majuscules en amorce de phrase navigue entre la faute et le choix stylistique. On trouve bien de temps à autre des bribes d’un possible « parler paysan » ainsi que quelques créations verbales qui apportent une coloration désuète (tel ce « il me fait deuil de… » pour exprimer le regret). Mais rien n’est chargé. Au contraire, en jouant d’une certaine forme de simplicité, l’auteure a su doter la parole de sa narratrice de la force épurée dont elle avait besoin. Et l’on saluera au passage le travail de traduction de Karine Lalechère.

La couleur du lait invente une voix qui ne s’est jamais fait entendre. Une parole qui résonne un peu pour toutes celles que l’histoire a tenues recluses dans le silence. La littérature, parfois, sait faire cela. On repensera par exemple aux Heures silencieuses, cet émouvant premier roman dans lequel Gaëlle Josse prêtait sa voix à la femme anonyme et peinte de dos d’un tableau d’Emmanuel de Witte. Nell Leyshon nous donne ici à voir, tel l’un de ces «étranges fruits» que chantait Billie Holiday, un visage que nous aurions sans elle oublié de voir.















Nell Leyshon, La couleur du lait. Phébus. 2014.


Images : 1) G. de La Tour, Madeleine à la veilleuse / 3) Nell Leyshon.