[…]
Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un
train file dans la nuit
-Les comètes tombent-
Et que
l'homme et la femme, même jeunes, s'amusent à faire l'amour.
Le ciel est comme la tente déchirée d'un cirque pauvre
dans un petit village de pêcheurs En Flandres
Le soleil est un fumeux quinquet
Et
tout au haut d'un trapèze une femme fait la lune.
La clarinette le piston une flûte aigre et un mauvais tambour
Et voici mon berceau
Mon berceau
Il était toujours
près du piano quand ma mère comme madame Bovary jouait les sonates de Beethoven
J'ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone
J'ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone
Et l'école buissonnière dans les gares, devant les trains en partance
Maintenant, j'ai fait courir tous les trains derrière moi
Maintenant, j'ai fait courir tous les trains derrière moi
Bâle-Tombouctou
J'ai aussi joué aux courses à
Auteuil et à Longchamp
Paris New York
Maintenant j'ai fait courir tous les trains tout le long de ma vie
Madrid-Stokholm
Paris New York
Maintenant j'ai fait courir tous les trains tout le long de ma vie
Madrid-Stokholm
Et
j'ai perdu tous mes paris
Il n'y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui
convienne à mon immense tristesse, la Patagonie, et un voyage dans les mers du
Sud
Je suis en route
J'ai
toujours été en route
Je suis en route avec la petite Jehanne de France
Le train fait un
saut périlleux et retombe sur toutes ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur
toutes ses roues
[…]
/
Blaise Cendrars, in La prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, Éditions des Hommes Nouveaux, 1913.
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