jeudi 19 octobre 2017
> Le poème du jeudi (#23)
Maintenant, le fer nuisible et, plus nuisible que le fer, voici
l’or. Et voici la guerre, qui avec l’un et pour l’autre se bat,
agite d’une main ensanglantée ses armes qui claquent.
On vit de vols. L’hôte ne protège pas l’hôte
ni le gendre le beau-père. La bienveillance des frères est rare.
Le mari invente la perte de sa femme, la femme celle de son mari.
D’effrayantes belles-mères mélangent l’aconit pâle.
Le fils avant le temps compte les années de son père.
La piété est morte et la vierge, dernière des habitants du ciel,
Astrée, quitte les terres mouillées de meurtres.
Mais l’Éther élevé n’est pas plus sûr que les terres.
Les Géants, dit-on, abordent au royaume céleste
et posent montagnes sur montagnes, jusqu’aux étoiles.
Le Père tout-puissant, d’un trait de foudre, brise
l’Olympe, arrache le Pélion à l’Ossa qui le tenait.
Écrasés sous la masse, les corps sinistres gisent.
La terre est touchée du sang de ses enfants
et s’en imbibe, dit-on. Elle anime ce flot tiède et,
pour qu’il reste une trace de son espèce,
en fait des faces d’hommes. À son tour cette race
méprise les dieux, désire le meurtre sauvage,
se fait violente ; tu comprends, elle est née du sang.
/
Ovide, Les Métamorphoses, Livre I ("Les quatre âges du monde" – vers 141 à 162). Traduit du latin par Marie Cosnay. Éditions de l’Ogre. 2017.
Publié par
FIOLOF
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