jeudi 14 décembre 2017

> Le poème du jeudi (#31)




Si je n’y suis lors mon tout est un rien,
Mon œil plein d’eau, de maux me fond en pleur ;
Et si c’est là le beau but de mon heur,
Que je tiens cher : car c’est mon plus grand bien.

Long temps y a que je me dy fort sien ;
Et que je n’ay que fers, que feu au cœur ;
Mais las ! Je crians, par ma foy j’en ai peur,
que son sens vif ne soit onct joinct au mien.

Or soit ou non, je te veux, je te prends,
Ton teinct sans fard plaist au jour de mes ans,
Et ton beau corps si coint, si gay, si doux,

Dont je te quiers, ni pour mon fiel, mon dueill ;
S’on me faict tort, un clin de ton bel œil
Me tost à bas le plus dur de mes coups.

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Marc Papillon de Lasphrise, L’Amour passionnée de Noémie, pièce XLVIII (1597). Premier sonnet de monosyllabes recensé dans la littérature française. Cité dans : Alain Chevrier, La syllabe et l’Écho (histoire de la contrainte monosyllabique). Les Belles Lettres, 2002.

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