La rainette du noir
Le soir descend, ne tends pas les bras. N’ouvre pas
les mains si l’ombre qui sort des pierres
remonte jusqu’à ta gorge. Laisse cette peur te
gagner : elle est venue de trop loin pour prendre
ta place.
Ton cœur né avant toi, tu as grandi sans lui
et il continue à t’attendre sur le seuil. Tu auras
fait le tour de la maison sans qu’il te voit.
Sa peine épouse la nuit et se mire dans les
jours, frappe les murs avec sa fleur close, écoutée
de la nuit qui ouvre et ferme le ciel au fond de
tes yeux.
Marche dans le vent étiré d’oliviers. La terre
n’entend que des pas, le cœur n’entend que la
terre, il a grandi sans marcher, il a vieilli sans te
trouver, chacune de tes larmes aura coulé pour le
voir.
C’est un peu de ton espoir, ce que les années
en ont perdu. On dirait ton ombre et qu’elle
cherche à se mettre debout. N’appelle personne.
Ton cœur ce n’est pas toi, c’est un enfant qui se
tourmente avec la crainte de tomber.
Quand le jour t’aura chassé de tes yeux.
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