jeudi 2 juillet 2020

> Le poème du jeudi (#164)



Mais la terre...
De mes doigts, les souvenirs
Tombent dans un vide vide.
Coup de bec, la seconde me décharne,
Voici que tout miroir m’oublie.
Je perds les piastres de mon trésor,
Sème les lueurs de mon iris.
Mon nom tremble dans les eaux.
Gelée, les mots glissent,
Fil d’oeuf. Et moi, pleur végétal,
Je coule puis sèche et me pétrifie,
Enfin pierre ponce,
Enfin sans pesanteur et minéral.
Je ne suis plus qui je fus, m’abandonne,
Dégorge dans l’éructation des volcans.
Ma belle, je t’aurais aimée, dis-tu,
Mes artères, coraux, le disent,
Le diront peut-être, le diront
Dans cent ans, dans mille ans,
Quand rien ne restera,
Mais la terre et la terre et la terre et la terre...

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Gabrielle Wittkop, in Litanies pour une amante funèbre. Le Vampire Actif, 2017.





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