[…]
mais mange, mangeur ! – crois
que la vie te regarde
encor ; découvre-toi
le cœur, avale, abuse
de ces bouchées confuses,
tires-en de la joie !
mais manger : sur le pouce,
bout de table, accoudé ;
en fond : la chanson douce
d’un impossible été,
les cris d’un édenté,
une vieille qui tousse ;
regarde, mangeur, scrute
tes semblables, parmi
lesquels la foi recrute :
amoureux de papier,
porteurs de lettres mortes -
va, et ouvre la porte !
[…]
/
Julien Syrac, in Complainte du mangeur solitaire. Gallimard, 2019.
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